Il est devenu coutumier que les réseaux sociaux s’emparent, en mode justicier, de l’une ou l’autre plainte visant une personnalité en vue, de préférence riche, pour harcèlement, viol, propos sexistes, etc.
Beaucoup se sont insurgés contre ce « tribunal » populaire qui condamne sans instruction, sans le moindre respect pour la présomption d’innocence, et bien sûr sans entendre la partie défenderesse. En effet, si les réseaux sociaux ne sont pas habilités à se substituer au Parquet, leurs actions ne sont pas sans dégâts et peuvent briser net une carrière. De Kevin Spacey à Gérard Depardieu en passant par Victoria Abril[1] ou plus récemment Gérard Darmon, on ne compte plus les boomers friqués, des deux côtés de l’Atlantique, qui se débattent contre des accusations martelées par les réseaux sociaux en plus pur style MeToo et qui y perdent des plumes.
La plupart du temps, les juristes s’agacent de ces réquisitoires populaires et rappellent que c’est à la magistrature que revient la tâche de juger et de décider de la sentence, après avoir entendu toutes les parties.
« Balance ton bar », au prétoire
Mais la magistrature belge, un poil surréaliste comme le reste du pays, crée de son côté un étrange précédent.
L’ancien barman du “Waff” puis du “El Café”, deux troquets bien connus des étudiant bruxellois, est accusé d’avoir violé deux femmes en 2021. Ces accusations avaient donné naissance à un mouvement, devenu viral sous le nom et le hashtag « Balance ton bar ». Le parquet de Bruxelles a reconnu, le 11 décembre, la culpabilité du barman pour ces deux vios, mais n’a toutefois requis aucune peine à son encontre.
Pourquoi ?
Voici l’explication, lunaire, du Ministère public :
“Le prévenu a déjà été suffisamment puni sur les réseaux sociaux. L’identité complète de l’homme a été diffusée, de même que son adresse. Des appels aux représailles ont également été lancés et plusieurs plaintes ont été déposées contre lui, qui se sont avérées injustifiées par la suite”.
Autrement dit, le parquet se décharge sur les réseaux sociaux de la peine et de son application !
[1] https://www.causeur.fr/metoo-haro-sur-les-boomers-272441