Saint-Gilles, moine et ermite, est prié pour la rémission des malades mentaux. Il intercédait auprès des cieux, dès le septième siècle, afin d’attirer la miséricorde divine chez les cinglés. Il semble qu’il ait pris sa retraite, bien qu’il ait laissé derrière lui de nombreuses paroisses et une commune belge de la Région bruxelloise. Cette commune, Saint-Gilles, aurait pourtant urgemment besoin de son saint patron.
Dans de nombreuses contrées françaises et dans toute la Belgique, les écoliers commencent tout doucement à se tenir à carreau et à mémoriser leurs tables de multiplication. Ou, plus vraisemblablement, à absorber sans relâche la doxa chauffiste. Mais dans les deux cas, l’objectif est le même : s’attirer les bonnes grâces de Saint-Nicolas.
Evêque en Turquie, Saint-Nicolas est, lui, le patron des enfants sages auxquels il distribue, le 6 décembre, des cadeaux et des oranges. Il est accompagné d’un âne et d’un page maure. Ce dernier subit depuis longtemps les coups de boutoir de la bienpensance décoloniale qui ignore qu’en Turquie, et dans tout le Proche-Orient, les dignitaires ne se déplaçaient que suivis de leur page. Pour l’instant, l’âne est épargné, mais le page disparait, au grand soulagement des écoliers susmentionnés, car il avait pour fonction de fouetter les garnements et les cancres, d’où son nom de « Père Fouettard ». Mais on ne donne jamais assez de gages aux nouveaux maîtres-censeurs et le bourgmestre de Saint-Gilles, à qui personne n’avait rien demandé, a eu une idée.
A quel saint se vouer ?
Sa commune étant largement « diversifié », c’est-à-dire qu’elle est à peu près uniformémement marocaine, Monsieur Jean Spinette, le bourgmestre socialiste, bio-équitable-recyclable et surtout islamo-complaisant a donc proposé une nouvelle version de la multiséculaire fête du grand saint qui sillonnera sous peu les vieux pavés saint-gillois. Exit bien sûr le père Fouettard et, plus inventif, exit aussi les oranges. Elles seront remplacées par des clémentines. Et pas n’importe quelles clémentines, des clémentines en provenance de la ville marocaine de Berkane. En effet, précise Jean Spinette, nombre de Saint-Gillois sont originaires de Berkane. Et ils ont le droit de vote.
Mais il est possible que l’électorat de Monsieur Spinette ne se contentera pas de ce geste « intersectionnel » (sic). Aussi propose-t-il de rebaptiser Saint-Nicolas en Sidi Nicolas, afin que chacun se rappelle sa soumission, une fois dans l’isoloir. Ha ça, « quand on invente un jeu de cons » comme disait Audiard, il n’y a pas de raisons de s’arrêter. « Pour nous, Saint-Nicolas doit être respectueux de l’environnement, respectueux des cultes et intersectionnel. Le Père Fouettard a d’ailleurs été viré depuis longtemps », a-t-il confié à nos confrères de la DH.
Il ne nous reste plus qu’à prier Saint-Gilles, patron des siphonnés, et plutôt deux fois qu’une !